La réforme de la facturation électronique obligatoire en France, prévue pour 2026, bouleverse les pratiques de facturation et de gestion de la TVA pour un grand nombre d’entreprises. L’objectif affiché de cette transition est clair : lutter contre la fraude fiscale et automatiser le processus de déclaration de la TVA. Ce changement va demander aux entreprises de s’adapter rapidement, quel que soit leur secteur d’activité. Mais qui est réellement concerné par cette nouvelle réglementation ? Cette question mérite une attention particulière car elle implique des dizaines de milliers d’entreprises. Dans cet article, nous allons explorer les différents aspects de cette réforme, détailler les catégories d’entreprises concernées, ainsi que les implications pour la gestion des factures.
Les enjeux de la réforme de la facturation électronique
La mise en place de la facturation électronique en France s’inscrit dans un objectif bien plus vaste que la simple numérisation des documents. Elle représente une étape clé vers une digitalisation totale des processus commerciaux et fiscalisés. Les enjeux sont multiples et touchent directement à la lutte contre la fraude et à la simplification des démarches administratives pour les entreprises.
Tout d’abord, il est important de comprendre que cette réforme vise à renforcer la transparence des transactions. L’administration fiscale pourra ainsi suivre l’intégralité des flux financiers et vérifiants en temps réel les déclarations de TVA des entreprises. Cela représente un changement de paradigme, où l’Etat a accès directement aux données comptables des entreprises, facilitant ainsi les contrôles et réduisant les possibilités de fraude.
Ensuite, cette réforme permettra d’automatiser la gestion comptable des entreprises. Grâce à l’obligation d’émettre des e-factures, les entreprises seront en mesure de réduire les erreurs humaines et d’améliorer la traçabilité de leurs transactions. Les logiciels de comptabilité modernes tels que Sage, Cegid, SAP, ou encore QuickBooks, devront intégrer ces changements pour permettre une transition fluide vers le numérique.
Pour finaliser cette transition, voici quelques points importants à noter :
- Création et traitement des factures : la numérisation des processus de création de factures doit devenir la norme.
- Fluidité des rapports à l’administration fiscale : une communication en temps réel permettra de réduire les délais de traitement.
- Gestion des preuves comptables : un archivage numérique sécurisé est désormais incontournable.

Qui est concerné par la facturation électronique obligatoire ?
À partir du 1er septembre 2026, toutes les entreprises établies en France et assujetties à la TVA seront tenues d’émettre et de recevoir des factures électroniques. Cette obligation s’applique à une très grande majorité des entreprises, des grandes structures aux petites entreprises, y compris les micro-entrepreneurs.
Les catégories principales concernées par cette réglementation comprennent :
- Sociétés commerciales, telles que les SAS et SARL.
- Micro-entrepreneurs qui sont redevables de la TVA.
- Professions libérales, comme les avocats et consultants.
- Associations et coopératives assujetties à la TVA.
Cependant, il existe certaines exceptions. Les entreprises en franchise de base de TVA, c’est-à-dire celles qui ne dépassent pas le seuil de chiffre d’affaires pour la TVA, ainsi que celles qui facturent principalement des particuliers (modèle B2C), ne seront pas tenues d’adopter cette réglementation. De même, les sociétés non établies fiscalement en France sont également exemptées.
Il est crucial pour chaque entreprise de vérifier son statut TVA pour s’assurer qu’elle est correctement informée sur ses obligations :
- Consulter les seuils de chiffre d’affaires en vigueur.
- Évaluer votre mode d’opération (B2B ou B2C).
- Adapter son processus comptable en fonction du statut.

Le calendrier de la mise en œuvre de la réforme
La mise en place de la facturation électronique se fait par étapes, et chaque entreprise doit prendre conscience des deadlines qui s’appliquent à son cas spécifique. Le calendrier officiel de la réforme est donc structuré comme suit :
Date | Obligation | Catégorie d’entreprises |
---|---|---|
1er septembre 2026 | Recevoir des e-factures | Toutes les entreprises |
1er septembre 2026 | Émettre des e-factures | Grandes entreprises et ETI |
1er septembre 2027 | Émettre des e-factures | PME, TPE, micro-entrepreneurs |
31 décembre 2027 | Période de tolérance | Toutes entreprises |
Lors des premières phases, qui se dérouleront de 2025 à 2026, des tests seront organisés pour s’assurer du bon fonctionnement des nouvelles normes et des plateformes de dématérialisation. Les entreprises joueront un rôle actif en participant à ces validations.
La période de tolérance, jusqu’au 31 décembre 2027, accordera aux petites structures un délai supplémentaire pour finaliser leur transition si des difficultés de mise en conformité sont rencontrées.
Les sanctions en cas de non-conformité
Avec l’implémentation de la facturation électronique, des mesures strictes sont mises en place pour garantir que toutes les entreprises se conforment à ces nouvelles obligations. En cas de non-respect des règles, des sanctions sont prévues et peuvent avoir des conséquences financières significatives :
- 15 € par facture non conforme, avec un plafonnement à 15 000 € par an.
- 250 € par période en cas de non-réalisation de l’e-reporting, avec un plafond de 15 000 € par an également.
Ces amendes peuvent être appliquées aussi bien pour des factures qui n’ont pas été émises dans les formats réglementaires que pour celles qui n’ont pas transité par les plateformes adéquates, qu’elles soient privées (PDP) ou publiques (PPF).
Les professionnels doivent donc s’assurer de la conformité de leurs factures avant de les émettre, pour éviter le rejet par les plateformes et les retards de paiement qui pourraient en découler.
Comment se préparer à la facturation électronique ?
Face à ces enjeux et obligations, il est primordial que chaque entreprise se prépare à la transition vers la facturation électronique. Voici quelques étapes clés à suivre :
- Vérification du statut TVA : Assurez-vous de rester informé sur votre situation concernant la TVA.
- Choix d’un logiciel compatible : Il est essentiel de choisir un logiciel de comptabilité qui génère des factures au format requis et qui peut s’intégrer avec des plateformes de dématérialisation comme Esker ou Dext.
- Mise en conformité des documents : Revoyez toutes vos factures pour garantir le respect des mentions obligatoires exigées par la réforme.
Pour vous aider dans votre transition, plusieurs entreprises comme Xero, Oracle, ou Silae offrent des solutions de gestion qui intègrent ces nouvelles exigences. Une checklist dédiée à la préparation à la facturation électronique, avec des étapes clairement définies, peut également s’avérer particulièrement utile.
Les bonnes pratiques pour une transition réussie
Adopter des bonnes pratiques est essentiel pour réussir la transition vers la facturation électronique. Voici quelques recommandations pour vous assurer que votre entreprise est en bonne voie :
- Anticipation de la transition : Ne pas attendre la dernière minute pour vous ajuster aux nouvelles obligations.
- Formation des équipes : Assurez-vous que tous les employés impliqués dans le processus de facturation soient formés à utiliser les nouveaux outils et respecter les normes.
- Collaboration avec des experts : N’hésitez pas à solliciter des conseillers spécialisés pour vous aider à mettre en place les procedures nécessaires.
Ces bonnes pratiques ne concernent pas seulement les équipes comptables, mais également les départements des ventes et de la logistique, qui joueront un rôle dans l’émission et la réception des factures électroniques.
Anticiper l’avenir de la facturation électronique
En regardant vers l’avenir, il est difficile d’ignorer que la facturation électronique est le début d’une transformation numérique plus vaste. À mesure que les entreprises adoptent des solutions de facturation numérique, elles pourront également envisager de nouvelles technologies liées à la blockchain et à l’intelligence artificielle pour optimiser leur gestion financière et leur conformité fiscale.
Les entreprises qui sauront tirer parti de ces évolutions seront mieux positionnées pour répondre aux demandes croissantes du marché et aux exigences réglementaires. Cela leur permettra également de renforcer leur compétitivité et d’améliorer leur efficacité opérationnelle.
FAQ
Les micro-entrepreneurs sont-ils concernés par la réforme ?
Oui, dès lors qu’ils deviennent redevables de la TVA.
Que se passe-t-il si je facture uniquement des particuliers ?
La réforme concerne uniquement les échanges B2B, donc pas d’obligation pour le moment si votre activité est 100 % B2C.
Quels formats de factures seront acceptés ?
Les formats recommandés sont Factur-X (profil EN 16931), mais le CII et l’UBL 2.1 resteront également valides via les plateformes de dématérialisation.
Comment prouver que je suis en conformité ?
Il est important de garder un enregistrement de toutes les factures électroniques émises et reçues, ainsi que les confirmations de transmission aux plateformes usitées.
Quelles sont les entreprises exemptées de cette obligation ?
Les entreprises en franchise de TVA et celles qui ne sont pas établies fiscalement en France sont exemptées de l’obligation d’émettre des factures électroniques.